La culture Millefeuille (suite 1)
03. Juli 2024
von Laura Malerba-Braillard, enseignante et artiste
L’art comme vecteur d’une expérience à soi et dans une dimension plus collective
C’est en prenant conscience de sa culture et en tenant compte de la diversité culturelle des autres, que l’enfant peut se sentir concerné (S.Saada,2014). L’art comme vecteur d’une expérience à soi et dans une dimension plus collective, régit des habilités à vivre ensemble, vivre la culture c’est aussi « [la] construction de l’identité de la personne, éventuellement en dehors de son espace communautaire » (J.Caune,1980). L’enseignant.e devient donc passeur d’une culture et laisse l’enfant, au moment opportun, agir seul (J.Rancière, 2008).
En considérant l’enfant comme un individu à part entière, au même titre que n’importe quel spectateur, l’enfant améliore sa connaissance de lui/elle-même et de son fonctionnement face à l’acquisition des connaissances. Rendre autonome l’enfant face à sa propre culture, c’est lui dire qu’il en a une. Le rendre participatif face à un savoir culturel, c’est lui permettre de prendre la parole et d’émanciper ses pensées. Le considérer comme une ressource change la dynamique de l’expérience culturelle. Si voir une œuvre s’est se connecter à soi et vivre une expérience intime dans un contexte collectif, nous pouvons nous questionner de ce qui fait culture ? En effet, depuis que la culture a été démocratisée en France, par André Malraux dans son ministère en 1959, « la culture pour tous », n’a pas suffi. Ce droit d’y avoir accès, mais aussi de la transmettre comme une discipline scolaire a nécessité une adaptation. Frédéric Mitterrand, déclare « une culture pour chacun », celle de « […] toucher [l’individu| dans sa particularité, sa personnalité, sa différence, que ce soit d’origine, de milieu, de territoire, de sensibilité ou même encore de génération » (Christian Godin, Cités 2011). À travers l’expérience culturelle, l’enfant se connecte à sa propre culture et la partage avec ces pairs en toute légitimité. « L’expérience est limitée par tout ce qui entrave la perception des relations entre éprouver et agir. » (J.Dewey, 2005). Être en lien avec l’œuvre est une relation intersubjective (V. Antoine-Andersen,2019) et en y ajoutant des dimensions immersives et numériques, elle en est transformée (Frida Kahlo, exposition d’art immersif, 2023 à Lausanne).
En effet, voir aujourd’hui une œuvre pour ce qu’elle est semble ne plus suffire.