Kulturagentinnen und Kulturagenten Schweiz

Lors de ce colloque intitulé « L’art de la rencontre » Stéphanie Airaud, modératrice et spécialiste de médiation, fait une excellente introduction et pose des questions essentielles.

« La participation (acte) d’un tiers ou d’un collectif non-artiste soulève de nombreux débats et fait émerger de nombreuses questions sur l’efficience de ces pratiques, en termes de démocratisation et de décloisonnement des frontières entre les professionnels et amateurs, de partage et de construction ou de co-construction de savoirs. Cependant la méfiance à l’encontre du mode participatif existe souvent car les cadres du projet sont souvent posés par les artistes ou les institutions et ne sont rarement modulables. Or les participants doivent pouvoir se repenser eux-mêmes, s’autoriser des digressions par rapport à ces cadres et engendrer ainsi un espace d’émancipation. En d’autres termes... faire éclater ces cadres. Je me réfère aux propos du philosophe Joseph Zasc. A partir d’exemples, il démontre que participer consiste bien à prendre part à quelque chose, mais aussi y prendre sa part. Participer représente donc un engagement et une responsabilité. Quant à Pablo Helguera, il fait la distinction entre la participation créative et la participation collaborative. Dans le premier processus, le visiteur, le spectateur, le participant fournit le contenu d’un élément de l’œuvre établie par l’artiste. Dans la deuxième approche, le participant partage la responsabilité du développement de la structure de l’œuvre et du contenu par un dialogue direct avec l’artiste. Notion de la vulnérabilité : pour que ce deuxième concept (participation collaborative) puisse se concrétiser, une non-détermination initiale est nécessaire, notamment en ce qui concerne le déroulement du processus, les visées, les modalités de rencontre. Ce mode de faire produit un sentiment d’incertitude ressenti par tous les partis, l’institution, l’artiste et le public. Ce dernier forme une communauté éphémère, constituée d’individus appelés amateurs, participants, volontaires, co-auteurs, coproducteurs, collaborateurs, etc. Et cette vulnérabilité naît des déplacements opérés par chacun et de la nécessaire réciprocité de l’échange. En conclusion, je soulève la question du contexte et de la situation. Il sied de rappeler la notion de « pratiques situées », terme que j’emprunte à Paul B. Preciado. Le philosophe parle de savoir situé qui fait référence à un lieu, à une position, à un site... qui vient ébranler ce lieu-même. Il semble par conséquent approprié de prendre en considération les éléments suivants : vulnérabilité, ébranlement, questionnement, engagement, responsabilité, émancipation, communauté...voir comment ils s’articulent et s’animent au cœur des trois projets qu’on va vous présenter maintenant (...) »

Retranscription, Colloque L’art de la rencontre, La Commune, Centre dramatique national, Aubervilliers (France), 1.03.2017. Introduction de Stéphanie Airaud, modératrice et spécialiste de médiation.

Réfléxions à ce sujet dans l'article La participation dans les projets artistiques : Oui, mais...