L'espace sous tous ses angles
18. Mai 2022
von Marinka Limat
Aperçu en images des cinq jours dédiés à la notion d'espace, une semaine thématique au Collège du Sud à Bulle et retour en quelques lignes :
Réalisation d'anamorphoses dans l'espace intérieur de l'école par des élèves : l'anamorphose est un procédé qui utilise certains systèmes optiques déformant une image (ou symbole) et en la décomposant en éléments de sorte à ce que son apparence réelle ne puisse être perçue que depuis un angle de vue particulier. Sous l’initiative de l’enseignante d’arts visuels, les anamorphoses ont occupé les étages de manière subtile. La construction simple et efficace des éléments conçus au moyen de traits en scotch furent intégrés dans la réalité du bâtiment. Les espaces de l’école sont modifiés et nos perceptions sollicitées de manière inhabituelle durant un laps de temps.
Initiation au Tai chi pour l'ensemble du Collège : issu des arts martiaux, cette discipline corporelle fait partie de la médecine traditionnelle chinoise. Cette pratique consiste à accomplir un ensemble de mouvements continus et circulaires exécutés avec lenteur et précision selon un ordre préétabli. Pour la première fois, tous.tes les locataires de l’école se retrouvent sur la grande place à l’extérieur. Un maître en la matière, micro à la main, accueille l’immense groupe qui se disperse sur l’esplanade. Le soleil est de la partie. Si les enseignant.e.s suivent attentivement les consignes, bon nombre d’élèves restent quelque peu perplexes. Certain.e.s s’appliquent et d’autres sont interloqué.e.s., la diffusion du message étant peu audible (le volume du son n’est pas adapté). Les mouvements fluides s’enchaînent sur un rythme lent.
Table ronde animée par l'étudiant Louis-Olivier Stehle autour de la question « Qu'est-ce qui rend un lieu sacré ? » : durant la pause de midi du jeudi, sept professeurs enseignant diverses branches (grec/latin, géographie, histoire, mathématiques, langue et musique), la responsable de l’aumônerie ainsi qu’un élève qui n’a pas le verbe dans sa poche, sont rassemblés dans l’espace d’exposition. Assis derrière d’anciens pupitres installés pour l’occasion, chaque personne dispose de quatre minutes pour exprimer son point de vue sur la question donnée. Un défi ! Les discussions nourries amènent à explorer différents domaines, les échanges fusent… et le retour aux cours en pâtit. Le format de la table ronde, animée par des personnes connues et appréciées, est une formule à renouveler.
Intervention avec la Compagnie Da Motus : Brigitte Meuwly et Antonio Bühler, chorégraphes et danseurs expérimentés, ont accepté l’invitation : rencontrer un groupe d’élèves de la classe volume pour les sensibiliser à l’espace par l’usage de leur propre corps. L’expérience fut partagée en public, durant la pause de midi, au moyen d’une courte intervention. Le couloir se fait alors réceptacle des mouvements circulaires des pieds qui déambulent, les tables se transforment en scènes pour les élèves qui s’y couchent de tout leur corps.
Photomaton et aménagement d’un coin convivial : tapis oriental, fauteuils et liseuse en velours rouge, plantes ordinaires mais bien empotées, sont d’utiles accessoires pour la création d’un espace où des clichés surprenants apparaissent sur grand écran. Prêté et apporté par une équipe de la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, le photomaton, dont le programme a été développé par un étudiant de ladite école, permet de se prendre en photo et de transformer son apparence grâce à des images enregistrées au préalable. Faisant écho avec la thématique de la semaine, l’enseignant d’arts visuels Mathias Buillard a livré, pour l’activation de l’installation, une sélection d’images, entre autre des créations d’artistes célèbres représentant des paysages. Les élèves se sont pris au jeu : ils/elles viennent alors se reposer, préparer un cours ou, en petits groupes, prendre la pose et fixer l’objectif.
Défilé : après les rencontres entre des élèves d’une classe suivant le cours de théâtre et l’historienne d’art Esther Maria Jungo, après les répétitions de l’Ensemble instrumental sous la direction de l’enseignant Olivier Murith, le moment était venu de saisir l’espace, de se laisser guider par la cadence, de se laisser emmener ou d’entraîner les passants défilant à longueur des journées dans les couloirs des étages. En effet, le bâtiment incite la circulation des gens ! La musique contemporaine du compositeur Philipp Glass ne pose aucun problème aux jeunes membres de l’Ensemble. Chapeau ! Certains autres élèves, peu nombreux et hésitants, voire gênés car n’étant pas habitués à défiler, de surcroît devant des camarades, finissent par se laisser charmer. Et l’expérience fit un effet tant sur les acteurs que les spectateurs : que ce soit de loin ou de près, à l’intérieur ou à l’extérieur du périmètre déterminé, masqué ou vêtu en tenue ordinaire, acteur ou spectateur.
Concerts surprises : se rassembler dans la salle de musique et écouter son ou sa collègue jouer de son instrument préféré. L’action est belle, simple et mérite d’être partagée, voire prolongée !
Atelier post-it : Mary Wenker, spécialiste de la question de la migration, s’étant engagée depuis de nombreuses années sur le terrain grec à défendre les droits des réfugié.e.s, intervient dans les deux classes d’histoire de l’enseignante Aurélie Morard. Afin de solliciter la réflexion sur la question « quelles sont mes frontières ? », un atelier post-it prend forme au fil des jours et devient un mur symbolique, fragile, constitué d’un assemblage de pensées.